20 ans de leçons apprises

August 18, 2020 Vanessa Baudin Sanchez
20YearsOfDG, En Français

Vanessa Baudin Sanchez est la Directrice Régionale de DG pour l’Afrique de l’Ouest, basée au Sénégal. Vanessa a commencé avec DG en 2008 en tant qu’analyste technique. Tout au long de son parcours, Vanessa a été un lien important entre les leçons apprises dans la mise en œuvre de nos projets et l’application de notre travail. Ici, elle met en évidence les leçons les plus importantes que DG a tiré des programmes qu’elle a mis en œuvre, et comment ont-ils façonné l’organisation que nous sommes aujourd’hui.

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Pourquoi l’apprentissage continu est-il important?

Vanessa Baudin Sanchez à Madagascar en 2012

Ma première tâche à DG était de reconfigurer le réseau de notre partenaire au Burundi pour fournir aux utilisateurs PGA une connexion Internet stable et un accès confortable à notre plateforme. Je me souviens de cette première mission comme si c’était hier – ainsi que de nos premières installations PGA, avec leurs bugs, leurs exceptions Java, qui apparaisaient immanquablement en plein milieu de nos présentations!

Depuis lors, les installations PGA se sont considérablement améliorées et, le système répond presque parfaitement aux besoins des utilisateurs dans la mesure où les modules et les fonctionnalités supplémentaires ont été développés sur la base de leurs commentaires.

Notre processus Agile, et les processus opérationnels de nos partenaires, encadrent le développement de nos outils. Nous avons su répondre au défi récurrent du faible débit Internet dans la majorité de nos pays partenaires en créant une version hors-ligne de la plateforme. Au fil des années, nous avons amélioré la convivialité de la PGA, notre méthodologie ainsi que notre approche qui se veut participative tout au long du cycle du projet, pour des installations plus rationnelles, avec un meilleur rapport qualité-prix.

La PGA était notre produit phare au moment où j’ai rejoint DG. Les leçons que nous avons tirées du développement de nouvelles fonctionnalités et de l’étroite collaboration avec nos partenaires, nous ont amené à étendre les fondamentaux de la gestion de l’assistance au développement à d’autres secteurs, notamment à «ceux qui pourraient bénéficier d’une divulgation et d’une utilisation accrues des données».

Lorsque nous commençons un nouveau projet, ou que nous nous essayons de travailler dans un nouveau secteur, nous commençons toujours par une évaluation pays (mon étape préférée!). Les évaluations auxquelles j’ai participé ont été – et continuent d’être – la meilleure expérience d’apprentissage pour l’équipe du projet. Nous rencontrons toutes les parties prenantes. Très souvent, nos pays partenaires ont déjà pris des mesures pour améliorer la collecte et la divulgation de données; alors nous leur demandons «comment pouvons-nous vous aider?» – cette approche permet, avant tout, de reconnaître leur travail. Il s’en suit une évaluation conjointe des défis actuels, et enfin un partage de leçons apprises, de bonnes pratiques et recommandations à adapter à leur contexte.

Nous encourageons également nos partenaires à nous évaluer dans un souci de toujours faire mieux. Je pense que même si nous restons fidèles à notre mission et à nos valeurs fondamentales, nos méthodologies continuent d’évoluer notamment grâce aux retours constructifs, internes et externes, qui nous ont permis, 20 ans plus tard, de développer des solutions qui aident nos clients à atteindre leurs objectifs stratégiques

Lorsque DG a lancé l’indice WIM, en partenariat avec WIM Guinée, les participants ont partagé des commentaires qui auront sans doute un impact sur notre méthodologie si nous devions reproduire cet exercice à l’avenir: lorsque nous évaluons les commentaires, nous essayons d’évaluer les commentaires positifs et négatifs pour confirmer la neutralité de l’outil et confirmer l’adhésion des parties prenantes.

Les leçons de technologie

La technologie semble toujours effrayer les acteurs non-techniques qui sont sceptiques quant à sa pertinence, sa convivialité mais surtout sa pérennité. Leur réticence est plus que compréhensible lorsqu’ils référencent le nombre de systèmes qui ont été abandonnés quelques années après leur installation. S’il est difficile pour une organisation comme la nôtre d’affirmer que nos outils ne connaîtront pas le même sort, nous sommes en mesure de dire que notre approche inclut un important facteur de durabilité. Comment est-il articulé?

  1. Nos outils doivent être utiles. Par conséquent, ils doivent être flexibles et évolutifs. DG travaille avec des normes internationales progressives (par exemple, IATI, ITIE, OCDS) et soutient leur mise en œuvre au niveau national. Il en est de même pour les stratégies nationales qui peuvent changer pendant la mise en œuvre.  L’appui de DG doit pouvoir s’adapter à ces aléas. L’évolutivité et la flexibilité sont deux facteurs clés inclus dans la première partie de l’approche de développement technique de DG, lui permettant de s’adapter rapidement aux nouvelles demandes et aux nouvelles exigences et de rester dans la course!
  2. Deux raisons sont souvent invoquées pour expliquer pourquoi beaucoup de systèmes informatiques sont abandonnés dans les pays: la première est liée aux coûts récurrents de licence qui finissent par être trop chers pour les institutions; la seconde est liée au manque de capacités locales pour gérer et maintenir un système au fil du temps. DG a résolu le problème de coût car nos outils sont développés sur des logiciels open source, sans frais de licence. Pour la deuxième préoccupation, nous mettons l’accent sur la formation et le renforcement de capacités locales, un volet fondamental dans tous nos programmes tant sur l’utilisation que sur la maintenance de nos outils. Nous allons encore plus loin, et formons des formateurs locaux, en leur donnant les moyens et les capacités de former des utilisateurs sans notre implication – un facteur clé pour une utilisation durable des ressources avec un impact significatif sur l’appropriation.

Madagascar gère sa PGA de manière indépendante depuis près de 10 ans, et reste l’un de nos meilleurs pays en termes de processus et de résultats. Au cours de ces 10 années, l’équipe PGA de Madagascar a également subi quelques changements, les membres étant nommés à différents postes. Le processus de mise en œuvre a été adapté au renforcement durable des capacités d’une équipe complète. Ainsi, la rotation du personnel a eu un impact minime et le processus PGA reste hautement viable. 

Les leçons sur la mise en œuvre des projets

Les politiques et stratégies nationales, y compris celles qui gèrent la divulgation des données, sont parfois incomplètes ou peu claires. Si elles sont bien rédigées, leur application dans le pays se heurte à certains défis. Nos rencontres préalables, avec les principales parties prenantes d’un secteur, aident énormément la mise en œuvre de nos projets en donnant à notre équipe un aperçu de la valeur ajoutée que notre expertise – collecte et publication de données; science des données; utilisation des données dans les processus décisionnels – peut apporter au secteur. Nos concepts sont essentiellement basés sur les besoins exprimés par les parties prenantes, qui participent aussi activement à la validation des exigences via notre processus de co-design, avant de nous engager dans le développement des  outils.

DG a développé un outil de collect de données EI pour l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives du Nigéria (NEITI) pour rationaliser le processus annuel de réconciliation et réduire les délais constatés dans la publication des informations. Le processus a commencé par une évaluation technique initiale de leur processus d’audit actuel. Il s’en est suivi des sessions de travail conjointes sur les modules et fonctionnalités à inclure dans l’outil pour mieux soutenir le flux de travail et arriver à la rationalisation recherchée. DG et NEITI ont rédigé, ensemble, les exigences techniques avant le développement de l’outil. NEITI a également été impliquée dans chaque itération de développement de l’outil pour fournir des commentaires supplémentaires et améliorer la fonctionnalité. 

L’adhésion des parties prenantes est crucial dans la mise en œuvre de nos projets. Allons plus loin – avoir un partenaire local fiable est important pour plus de résilience dans les projets, en particulier dans les secteurs sensibles ou politiques. Par exemple, certains de nos projets ont été bloqués en raison d’instabilité politique, de changements de gouvernement ou même d’initiatives similaires mises en œuvre par un autre ministère ou par une autre division au sein du même ministère. Pouvoir compter sur un partenaire local s’est avéré très efficace pour renforcer la durabilité et la stabilité tout en essayant de faire avancer le projet même compte tenu des obstacles sur lesquels la DG a très peu de contrôle.

Après avoir installé la PGA au Niger et entamé le processus de viabilité de la plateforme, le pays a connu une vague d’instabilité politique. L’équipe, et le projet, sont restées inactives pendant quelques années avant de contacter DG pour relancer le processus au niveau national.

Les leçons tirées des défis

Lorsque nous travaillons avec les gouvernements plusieurs membres du personnel considèrent tout outil informatique comme synonyme de tâche supplémentaire et peuvent s’attendre à certains avantages tels que des voyages de renforcement des capacités ou de nouveaux équipements. Parfois, lorsqu’ils se rendent compte que nos projets n’incluent pas ces éléments, on sent une certaine démotivation de l’équipe qui se traduit par un ralentissement de nos activités. DG a appris qu’il est important de faire participer l’équipe complète dès le début du projet: cela favorise l’appropriation au niveau national et contribue à la durabilité des outils, car un plus grand nombre d’équipes locales profitent de la formation initiale et du renforcement des capacités.

DG a identifié d’autres facteurs de motivation tels que la participation de nos partenaires – et leur implication – à l’atelier annuel des bonnes pratiques PGA, ou des visites d’échange. D’autres mesures peuvent être inclure l’achat de clés Internet locales sur le long terme ou l’organisation d’ateliers externes de collecte/validation de donnée. Les équipe projet de DG ont appris à mettre l’accent sur les avantages liés à la mise en place d’un outil notamment le gain considérable de temps – un tâche qui nécessitait plusieurs semaines de travail, peut être accomplie en quelques minutes ou en quelques heures,

Dans le cadre du programme Des Chiffres et Des Jeunes (DCDJ), DG a formé et placé des Data Fellows pour des stages en science des données dans toute la Côte d’Ivoire. Les Fellows ont élaboré des outils de données en fonction des besoins de leur organisation hôte; par exemple, un Fellow a créé un outil de compilation de données a permis au Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) de réduire le temps nécessaire pour compiler les données des rapports d’une semaine à quelques minutes.

Que faisons-nous avec tout ce qu’on apprend?

Dans les pays où j’ai eu l’opportunité de travailler, j’ai remarqué qu’ils sont rarement au stade zéro. Ils ont déjà posé les premiers jalons, mais pourraient freinés par des changements organisationnels, opérationnels ou institutionnels.

Dans les pays où je me rends, j’essaie de trouver le maillon faible de la chaîne avant d’évaluer la meilleure façon d’améliorer et de soutenir les efforts de nos partenaires.

Cette approche est applicable à tous les secteurs tant qu’ils partagent notre vision: promouvoir la prise de décision fondée sur des preuves, et accroître la transparence et les mécanismes de responsabilité au niveau des pays, grâce à des informations faciles à comprendre et à utiliser.

En 2018, OSIWA a soutenu des efforts de recherche de DG au Sénégal, en Guinée et au Nigéria, pour déterminer la faisabilité et la pertinence d’y installer des portails nationaux comme outils de collecte de données. À mi-chemin de l’évaluation, c’était comme si nous avions quelques années de retard – les besoins des acteurs non-étatiques avaient évolué vers leur volonté de disposer de données sur l’impact des industries extractives, au-delà de la simple transparence sur les flux financiers. Les parties prenantes, en particulier les acteurs non-étatiques, veulent accéder à des informations qui déclencheront des débats sur les impacts socio-économiques et environnementaux des activités de l’industrie extractive – pour protéger les intérêts nationaux et autonomiser l’exploitation minière. communautés affectées. Notre objectif principal est devenu secondaire et notre recherche s’est concentrée sur la mise en évidence des défis et des demandes exprimés en matière de données. Une fois terminé, nous avons partagé nos conclusions sur leurs besoins en données au niveau mondial et avec les communautés de donateurs, ce qui, nous l’espérons, aidera à mieux soutenir les acteurs non étatiques dans leur quête de plus de transparence. 

Conseils pour faire progresser l’apprentissage

  • Connaître le contexte – y compris les opportunités et les défis; partenariat avec des organisations locales fortes; connaître et soutenir les normes internationales au niveau national; et la présentation de solutions concrètes a aidé DG à comprendre comment écouter d’abord, et seulement ensuite à fournir des suggestions sur la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour obtenir des résultats.
  • Démontrer les avantages – tout en étant très conscient des inconvénients – et proposer des mesures d’atténuation permet d’élever le niveau d’intérêt d’un partenaire.
  • Faire preuve de flexibilité et d’ouverture rassurera les partenaires sur votre résilience, surtout lorsque nous soulignons l’importance des capacités locales. Cette valeur transformera toute discussion générale en une discussion constructive, conçue pour soutenir des initiatives dans une variété de secteurs dans de nombreux pays du monde.
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